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Après des accusations d’agressions sexuelles, un ancien chef du chœur de Radio France sera jugé pour viol

C’est l’épilogue de la crise qui sévit à Radio France à la suite d’accusations d’agressions sexuelles et de viols : un ancien chef de la prestigieuse Maîtrise de la direction du groupe radiophonique va être jugé pour viol sur mineur à la suite d’une plainte d’un choriste âgé de 14 ans au moment des faits, selon l’ordonnance de mise en accusation consultée, lundi 5 août, par l’Agence France-Presse (AFP).
Denis Dupays, qui a dirigé le chœur de jeunes filles et jeunes garçons entre 1989 et 1998, est accusé d’avoir imposé une fellation à un adolescent alors qu’il accompagnait une tournée aux Etats-Unis et au Canada en juillet 1993, ainsi que d’avoir commis des atteintes sexuelles « par violence, contrainte, menace ou surprise » sur la même personne.
Les faits « ont été commis par une personne ayant autorité sur la victime », précise l’ordonnance de renvoi rendue au début de juillet par le tribunal judiciaire de Nancy, où réside M. Dupays. La victime ne faisait pas partie de la Maîtrise de Radio France mais des Petits Chanteurs de la Vierge noire, une chorale de Neuilly-sur-Seine, dans les Hauts-de-Seine. Cet homme, désormais âgé de 45 ans, a porté plainte en 2014.
« A l’époque, à la Maîtrise, il a été protégé par le directeur musique, Pascal Dumay », témoigne, dans un deuxième article publié sur le sujet par Le Parisien, le 8 avril, la pianiste Nicole Simon-Laroche, qui a travaillé à Radio France dans les années 1990. Elle ajoute avoir à l’époque « pourtant fait remonter de nombreux cas de maltraitance envers les jeunes filles et des comportements et gestes déplacés envers les garçons. En vain ». Pascal Dumay a quitté Radio France en 2000, avant d’être condamné en 2010 à quatre mois de prison avec sursis pour avoir téléchargé et diffusé des images pédopornographiques alors qu’il était directeur du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris.
L’ancien chef de chœur, âgé de 75 ans, « a reconnu la matérialité des faits », selon l’ordonnance de renvoi. L’avocate de la victime, Pauline Ragot, s’est félicitée de la perspective de ce procès devant la cour criminelle de Meurthe-et-Moselle, « une première victoire » dans un « long combat judiciaire ».
« Cette audience est également très attendue par nombre d’anciens élèves ayant dénoncé des abus de la part de l’ancien directeur de Maîtrise de Radio France », a-t-elle déclaré dans un courriel adressé à l’AFP.
« Mon client attend aussi de ce procès qu’il provoque un sursaut dans les milieux de la chorale et de la manécanterie : il faut que la parole de ces enfants – parfois adultes aujourd’hui – puisse continuer à se libérer pour dénoncer sans relâche ces comportements abjects », a déclaré l’avocate.
L’ordonnance de renvoi mentionne que Denis Dupays avait été licencié en 1985 pour faute grave de ses fonctions de chef de chœur de l’Opéra de Nantes, à la suite des déclarations d’un mineur de moins de 15 ans, qui l’accusait de l’avoir agressé sexuellement. Ses parents n’avaient pas porté plainte. Selon Le Parisien, qui a enquêté dans le milieu des chorales, « trois enfants au moins avaient été victimes » de Denis Dupays à Radio France et une victime « avait également été retrouvée dans la première formation qu’il avait dirigée à Toulouse ».
Radio France prend la situation au sérieux. Sofi Jeannin, la directrice de la Maîtrise, avait publié une lettre signée de la direction sur Facebook, ainsi que dans un groupe privé d’anciens élèves, en avril 2023, pour rappeler que l’entreprise publique était à l’écoute des potentielles victimes. Une adresse électronique a été spécialement créée et des numéros d’associations spécialisées communiquées. Une ligne téléphonique d’écoute et d’accompagnement indépendante a, par ailleurs, été établie si certains ressentent le besoin de discuter avec un psychologue.
La réponse n’est pourtant pas à la hauteur, selon certaines personnes qui ont côtoyé Denis Dupays dans les années 1990. « Cela nous paraît mal cadré par rapport à la gravité des faits suspectés », considérait auprès du Monde Nicolas Simeha, élève de la Maîtrise à l’époque, en avril 2023. Avec soixante-dix autres anciens élèves de la Maîtrise, ce dernier fait partie des signataires d’une tribune demandant « comment un chef de chœur licencié pour faits répréhensibles sur mineur en 1985 à l’opéra de Nantes et cumulant des signalements dans d’autres chœurs d’enfants comme à Toulouse a pu être ensuite nommé à la Maîtrise de Radio France et maintenu durant neuf ans ». « Nous voulons faire toute la lumière sur ces années », avait insisté Sibyle Veil, la directrice générale de Radio France, dans un entretien au Parisien en 2023.
Le Monde avec AFP
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